Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/99

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Il essaya de tromper, par une soumission apparente, la vigilance du général romain, de séduire ses troupes et de traîner la guerre en longueur en engageant successivement les tribus indépendantes à épouser sa querelle ou à faciliter sa fuite. Théodose imita la conduite de son prédécesseur Métellus et obtint les mêmes succès. Lorsque Firmus, d’un ton de suppliant, vint déplorer sa propre imprudence et solliciter humblement la clémence de l’empereur, le lieutenant de Valentinien le reçut amicalement et ne s’opposa point à sa retraite ; mais il eut soin d’exiger des gages solides et utiles de son sincère repentir ; et les insidieuses protestations du prince more ne lui firent pas ralentir un seul instant ses opérations militaires. Théodose découvrit par sa vigilance une conspiration, et satisfit, sans beaucoup de répugnance, à l’indignation du peuple, qu’il avait secrètement excitée. On abandonna, selon la coutume, une partie des complices de Firmus à la fureur des soldats ; d’autres, en plus grand nombre, eurent les deux mains coupées, et vécurent pour servir d’exemple par le spectacle horrible de leur mutilation. À la haine que ressentaient les rebelles contre leur ennemi, se mêla bientôt la crainte, et à la crainte qu’il inspirait à ses soldats se mêlait une respectueuse admiration. Au milieu des plaines immenses de Gétulie et des innombrables vallées du mont Atlas, il était impossible d’empêcher la fuite de Firmus ; et si l’usurpateur avait pu lasser la patience de son adversaire, il aurait vécu dans la profondeur de quelque solitude en