Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avaient enfin accompli la disgrâce et la ruine du grand Stilichon. La valeur de Sarus, sa réputation militaire et son influence héréditaire ou personnelle sur les Barbares confédérés, ne le recommandaient qu’aux amis de la patrie qui méprisaient le vil caractère de Turpilion, de Varannes et de Vigilantius : mais quoique ces généraux se fussent montrés indignes du nom de soldat[1], les pressantes sollicitations des nouveaux favoris d’Honorius leur obtinrent le commandement de la cavalerie, de l’infanterie et des troupes du palais. Le roi des Goths aurait souscrit avec plaisir l’édit que le fanatisme d’Olympius dicta au simple et dévot empereur. Par cet édit, Honorius écartait de tous les emplois de l’état tous ceux dont la croyance était en opposition avec la foi de l’Église catholique, rejetait absolument les services de tous ceux dont les sentimens religieux ne s’accordaient pas avec les siens, et se privait ainsi d’un grand nombre de ses meilleurs et de ses plus braves officiers, attachés au culte des païens ou aux erreurs de l’arianisme[2]. Alaric aurait approuvé et

  1. L’expression de Zosime est καταφρονησιν εμποιησαι τοις πολεμιοις αρχοντας ; cela suffisait pour exciter le mépris des Barbares.
  2. Eos qui catholicæ sectæ sunt inimici, intra palatium militare prohibemus. Nullus nobis sit aliquâ ratione conjunctus, qui à nobis fide et religione discordat. Cod. Theod., l. XVI, tit. 5, leg. 42 ; et le Commentaire de Godefroy, t. VI, p. 164. On donna à cette loi la plus grande extension, et elle fut exécutée à la rigueur. Zosime, l. V, p. 364.