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État de la Bretagne. A. D. 409-499.

Cette révolution détruisit tout l’édifice du gouvernement civil et militaire, et, durant une période de quarante ans, la Bretagne se gouverna, jusqu’à la descente des Saxons, sous l’autorité du clergé, des nobles et des villes municipales[1]. 1o. Zosime, le seul qui ait conservé la mémoire de cette singulière transaction, observe que les lettres d’Honorius étaient adressées aux villes de la Bretagne[2]. Quatre-vingt-dix cités considérables avaient pris naissance dans cette vaste province sous la protection des Romains ; et, dans ce nombre, trente-trois se distinguaient des autres par leur importance et par des priviléges très-avantageux[3]. Chacune de ces villes formait, comme dans les autres provinces de l’empire, une corporation légale, à laquelle appartenait le droit de régler la police intérieure ; et l’autorité de ce gouvernement municipal se partageait entre des magistrats annuels, un sénat choisi et l’assemblée du peuple, conformément au modèle

  1. Je me dois à moi-même et à la vérité de l’histoire, de déclarer que quelques circonstances de ce paragraphe ne sont fondées que sur des analogies et des conjectures.
  2. Προς τας εν Βρεταννια πολεις. Zosime, l. VI, p. 383.
  3. Deux villes de la Bretagne étaient municipia, neuf des colonies, dix latii jure donatæ, douze stipendiariæ du premier rang. Ce détail est tiré de Richard de Cirencester (De situ Britanniæ, p. 36) ; et quoiqu’on puisse douter qu’il ait écrit d’après le Mss. d’un général romain, il montre une connaissance de l’antiquité très-rare chez un moine du quatorzième siècle.