Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/226

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encourait le châtiment qu’il plaisait à la cour impériale de lui infliger[1]. Ces rigueurs, très-chaudement approuvées par saint Augustin[2], ramenèrent dans le sein de l’Église un grand nombre de donatistes ; mais les fanatiques qui persistèrent dans leur hérésie se livrèrent à tout l’emportement du désespoir. Ce n’était de tous côtés que tumulte et que sang répandu ; des troupes de Tirconcelliens armés exerçaient alternativement leurs fureurs sur eux-mêmes et sur leurs adversaires ; et la légende des martyrs fut de part et d’autre considérablement augmentée.[3]

  1. Le cinquième titre du seizième livre du code de Théodose, contient un grand nombre de lois publiées par les empereurs contre les donatistes, depuis l’an 400 jusqu’à l’année 428. La plus sévère est la cinquante-quatrième, publiée par Honorius, A. D. 414. Elle fut aussi la plus efficace.
  2. Saint Augustin changea d’opinion relativement à la manière dont on devait traiter les hérétiques ; et M. Locke a placé parmi les exemples choisis insérés dans son Recueil de Souvenirs, vol. III, p. 469, la déclaration pathétique que le saint fait de sa compassion et de son indulgence pour les manichéens. Le célèbre Bayle a réfuté (t. II, p. 445-496) les argumens que l’évêque d’Hippone employa dans sa vieillesse pour justifier la persécution des donatistes. Dans une cause si claire les talens et l’éloquence de Bayle étaient superflus.
  3. Voy. Tillemont, Mém. ecclés., t. XIII, p. 586, 592, 806. Les donatistes se vantaient de compter parmi eux des milliers de ces martyrs volontaires. Saint Augustin assure, et probablement avec vérité, qu’ils en exagéraient beaucoup le nombre ; mais il soutient rigoureusement qu’il vaut mieux