Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/10

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propre à cet historien. « La protection de la république a délivré la Gaule des discordes civiles et des invasions étrangères. En perdant votre indépendance nationale, vous avez acquis le nom et les priviléges de citoyens romains ; vous jouissez en commun avec nous des avantages durables du gouvernement civil ; et votre éloignement vous met à l’abri des maux accidentels de la tyrannie. Au lieu d’exercer les droits de la conquête, nous ne vous avons imposé que les tributs indispensables pour suffire aux dépenses qu’exige votre sûreté. La paix ne se maintient que par le secours des armées, et il faut que le peuple paye les armées qui le protègent. C’est pour vous, et non pas pour nous, que nous défendons les barrières du Rhin contre les féroces Germains qui ont si souvent tenté et qui désirent toujours de quitter leurs bois et leurs marais solitaires pour le riche et fertile territoire de la Gaule. La chute de Rome serait fatale à vos provinces ; vous seriez ensevelis sous les débris de ce grand édifice élevé par la sagesse et la valeur de huit siècles. Un maître sauvage insulterait et opprimerait cette liberté que vous auriez imaginé obtenir, et l’expulsion des Romains vous exposerait aux hostilités continuelles des conquérans barbares[1]. » Les Gaulois reçurent favo-

  1. Eadem semper causa Germanis transcendendi in Gallias libido atque avaritiæ et mutandæ sedis amor ; ut relictis paludibus et solitudinibus suis, fecundissimum hoc solum vosque ipsos possiderent… Nam pulsis Romanis, quid aliud quàm bella omnium inter se gentium existent ?