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férence, et le mérite de Clovis entraîna bientôt sous ses drapeaux toute leur confédération. En entrant en campagne, il manquait également d’argent et de subsistances[1] ; mais Clovis imita l’exemple de César, qui, dans le même pays, s’était procuré des richesses avec son épée, et des soldats avec le fruit de ses victoires. Après chaque bataille ou expédition heureuse, on faisait une masse des dépouilles ; chaque guerrier recevait une part proportionnée à son rang, et le monarque se soumettait comme les autres à la loi militaire. Il apprit aux indociles barbares à connaître les avantages d’une discipline régulière[2]. À la revue générale du mois de mars, on faisait soigneusement l’inspection de leurs armes, et lorsqu’ils traversaient un pays neutre, il leur était défendu d’arracher une pointe d’herbe. Inexorable dans sa justice, Clovis faisait périr sur-le-champ les soldats négligens ou indociles. Il serait superflu de parler de la valeur d’un Franc ; mais la valeur de Clovis était toujours dirigée par une prudence calme et consommée[3]. En traitant avec les hommes, il

  1. Saint Grégoire de Tours (l. V, c. 1, t. II, p. 232) fait contraster la pauvreté de Clovis avec l’opulence de ses successeurs. Cependant saint Remi (t. IV, p. 52) parle de ses paternas opes comme suffisantes pour le rachat des captifs.
  2. Voyez saint Grégoire, l. II, c. 27, 37, t. II, p. 175, 181, 182. La fameuse histoire du vase de Soissons explique le caractère et la puissance de Clovis. Comme point de controverse, elle a été étrangement défigurée par Dubos, Boulainvilliers et d’autres antiquaires.
  3. Le duc de Nivernais, homme d’état d’un rang élevé,