Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/103

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il fut étonné de la supériorité du nombre et de la contenance farouche des Barbares. Il proposa un traité, sollicita une réconciliation, et offrit de se lier par les sermens les plus solennels. « Par quels sermens peut-il se lier ? interrompirent les Barbares avec indignation ; jurera-t-il sur les Évangiles, livres que la religion chrétienne regarde comme divins ? C’est sur ces livres que Sergius, son neveu, avait engagé sa foi à quatre-vingts de nos innocens et malheureux frères. Avant que les Évangiles nous inspirent de la confiance une seconde fois, nous devons essayer quel sera leur pouvoir pour punir le parjure et venger leur honneur compromis. » Leur honneur fut vengé dans les champs de Tébeste par la mort de Salomon et la perte totale de son armée. De nouvelles troupes et des généraux plus habiles réprimèrent bientôt l’insolence des Maures : dix-sept de leurs princes furent tués à la même bataille ; et les prodigues acclamations du peuple de Constantinople célébrèrent la soumission incertaine et passagère de leurs tribus. Des incursions successives avaient réduit les possessions romaines en Afrique à un tiers de l’étendue de l’Italie ; toutefois les empereurs romains continuèrent à régner plus d’un siècle sur Carthage et la fertile côte de la Méditerranée ; mais les victoires et les défaites de Justinien devenaient également funestes au genre humain ; et telle était la dévastation de l’Afrique, qu’en plusieurs cantons

    tion de l’Afrique, l. II, p. 442, 443 ; Shaw, Travels, p. 64, 65, 66.)