Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’elles seraient renvoyées par mer ; les vents contraires ne le permirent pas, mais on leur fournit généreusement des chevaux, des vivres et un sauf-conduit jusqu’aux portes de Rome. Les femmes des sénateurs, saisies dans les maisons de campagne de la Campanie, furent renvoyées sans rançon à leurs maris ; on punit de mort quiconque attentait à la pudeur des femmes ; et dans le régime salutaire qu’il imposa aux Napolitains affamés, le conquérant remplit les fonctions d’un médecin attentif et plein d’humanité. Les vertus de Totila méritent une égale estime, soit qu’elles lui aient été inspirées par les idées d’une saine politique, par des principes de religion, ou par l’instinct de l’humanité. Il harangua souvent ses troupes ; il leur répétait sans cesse que la corruption d’un peuple entraîne sa ruine ; que la victoire est le fruit des vertus morales ainsi que des vertus guerrières, et que le prince et même la nation sont coupables des crimes qu’ils négligent de punir.

Bélisaire commande en Italie pour la seconde fois. A. D. 544-548.

Les amis et les ennemis de Bélisaire demandaient avec la même ardeur qu’on le chargeât du soin de sauver le pays qu’il avait subjugué : on renvoya en effet contre les Goths l’ancien commandant de l’Italie, et ce fut pour lui une marque de confiance ou une espèce d’exil. Héros sur les bords de l’Euphrate, esclave dans le palais de Constantinople, Bélisaire accepta, quoique avec répugnance, la pénible tâche de soutenir sa réputation, et de réparer les fautes des chefs qui l’avaient remplacé. La mer était ou-