Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/136

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fectionnèrent les talens de Narsès : il conduisit une armée en Italie ; il acquit une connaissance pratique de la guerre et de ce pays, et il osa lutter contre le génie de Bélisaire. Douze ans après, on lui donna le soin d’achever la conquête que le premier des généraux romains avait laissée imparfaite. Loin de se laisser éblouir par la vanité ou par l’émulation, il déclara que si on ne lui accordait pas des forces suffisantes, il n’exposerait jamais sa gloire ni celle de son souverain. Justinien accorda au favori ce qu’il aurait peut-être refusé au héros. La guerre des Goths se ralluma de ses cendres, et les préparatifs ne furent pas indignes de l’ancienne majesté de l’empire. On mit entre les mains de Narsès la clef du trésor public, pour former des magasins, lever des soldats, acheter des armes et des chevaux, payer aux troupes les arrérages de leur solde, et tenter la fidélité des fugitifs et des déserteurs. Les troupes de Germanus n’avaient point quitté leurs drapeaux ; elles attendaient à Salone un nouveau général ; et la libéralité bien connue de Narsès lui créa des légions parmi les sujets et les alliés de l’empire. Le roi des Lombards[1] remplit ou excéda les obligations de son

    des Romains subsistait dans toute sa vigueur. (Procope, l. IV, c. 21.)

  1. Le Lombard Paul Warnefrid raconte avec complaisance les secours, les services de ses compatriotes, et l’honorable congé qu’ils reçurent ensuite. (Reipublicæ romanæ adversus Æmulos adjutores fuerant, l. II, c. 1, p. 774, édit. Grot.) Je suis surpris qu’Alboin, leur vaillant roi,