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plus grande partie de son armée périrent sur le champ de bataille, dans les eaux du Vulturne, ou de la main des paysans furieux ; mais il paraît inconcevable qu’une bataille dont il ne s’échappa que cinq Allemands, n’ait coûté aux Romains que la perte de quatre-vingts soldats[1]. Sept mille Goths, les restes de leur armée, défendirent la forteresse de Campsa jusqu’au printemps de l’année suivante. Chaque envoyé de Narsès annonçait la réduction de quelques villes d’Italie, dont les noms ont été corrompus[2] par l’ignorance ou la vanité des Grecs. Après la bataille de Cassilinum, Narsès entra dans Rome ; il y étala les armes et les trésors des Goths, des Francs et des Allemands ; ses soldats, des guirlandes dans leurs mains, célébrèrent la gloire du vainqueur, et Rome vit pour la dernière fois une apparence de triomphe.

L’Italie réduite en province de l’Empire. A. D. 554-568.

Le trône, occupé soixante ans par les rois des Goths, fut désormais rempli par les exarques de Ravenne, représentans de l’empereur des Romains, soit dans la paix, soit dans la guerre. Leur juridiction fut bientôt bornée à une petite province ; mais

  1. Agathias (l. II, p. 47) rapporte une épigramme de six vers sur cette victoire de Narsès, que le poète compare avec avantage aux batailles de Marathon et de Platée. Il est vrai que la principale différence est dans les suites si peu importantes dans le cas dont il s’agit, dans l’autre si permanentes et si glorieuses !
  2. Au lieu du Beroia et du Brincas de Théophane ou de son copiste (p. 201), il faut lire Verona et Brixia.