Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/180

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de ses successeurs[1], se montra d’abord dans le voisinage de Péluse, entre le marais Serbonien et la branche orientale du Nil ; de là elle s’ouvrit deux routes différentes ; elle se répandit en Orient sur la Syrie, la Perse et les Indes ; et en Occident, le long de la côte d’Afrique et sur le continent de l’Europe, Constantinople en fut affligée deux ou trois mois au printemps de la seconde année ; et Procope, qui observa sa marche et ses symptômes avec les yeux d’un médecin[2], égale presque l’habileté et le soin qu’a montrés Thucydide, dans la description de la peste d’Athènes[3]. Elle s’annonçait quelquefois par les visions d’un cerveau troublé : la malheureuse vic-

  1. On peut suivre les progrès de la grande peste qui exerça ses ravages l’an 542 et les années suivantes (Pagi, Critica, t. II, p. 518) dans Procope, Persic., l. II, c. 22, 23 ; Agathias, l. V, p. 153, 154 ; Evagrius, l. IV, c. 29 ; Paul Diacre, l. II, c. 4, p. 776, 777. Saint Grégoire de Tours (t. II, l. IV, c. 5, p. 205), qui l’appelle lues inguinaria ; dans les Chroniques de Victor Tunnunensis, p. 9, in Thesaur. tempor., de Marcellin, p. 54, et de Théophane, p. 153.
  2. Le docteur Freind (Hist. Medic. in Opp., p. 416-420 ; Londres, 1733) est persuadé, d’après l’exactitude avec laquelle Procope emploie les mots techniques, que cet historien avait étudié la médecine. Au reste, plusieurs des mots qui sont aujourd’hui scientifiques, étaient communs et populaires dans l’idiome grec.
  3. Voy. Thucydide, l. II, c. 47-54, p. 127-133, édit. de Duker ; et la Description poétique de la même peste, par Lucrèce, l. VI, vers 1136-1284. Je dois au docteur Hunter un savant Commentaire sur cette partie de Thucydide : c’est un in-4o de 600 pages ; Venise, 1603, apud Juntas ; donné