Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/188

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ques de l’Europe[1]. Les lois de Justinien obtiennent encore le respect et l’obéissance de plusieurs nations qui n’ont jamais dépendu de son empire. Heureux ou sage est le prince qui peut lier sa réputation à l’honneur et à l’intérêt d’un ordre de gens destinés à se perpétuer à jamais dans la société ! Le zèle et l’adresse des gens de loi se sont de tout temps exercés à la défense de leur fondateur ; ils célèbrent pieusement ses vertus, ils dissimulent ou nient ses défauts, et leurs vigoureuses réprimandes n’épargnent pas les coupables ou insensés rebelles qui osent s’attaquer à la majesté de la pourpre. L’idolâtrie des partisans de Justinien a provoqué, comme on le voit d’ordinaire, l’acharnement de ses ennemis. Son caractère a tour à tour été attaqué et défendu avec l’aveugle véhémence de la haine et de la flatterie ; et la secte des antitriboniens en est venue à ce point d’injustice de refuser toute espèce d’éloges et de mérite à ce prince, à ses ministres et à ses lois[2]. Étranger à toute espèce

  1. L’Allemagne, la Bohême, la Hongrie, la Pologne et l’Écosse, les ont adoptées comme la loi ou la raison commune : en France, en Italie, etc., elles ont une influence directe ou indirecte ; on les a suivies en Angleterre depuis Étienne jusqu’à Edouard 1er, le Justinien de la Grande-Bretagne. Voy. Duck (De usii et auctoritate juris civ., l. II, c. 1, 8-15) ; Heineccius (Hist. juris german., c. 3, 4, nos 55-124), et les historiens des lois de chaque pays.
  2. François Hottoman, savant et habile jurisconsulte du seizième siècle, voulait mortifier Cujas et plaire au chancelier de l’Hôpital. Son Antribonianus, que je n’ai jamais pu me procurer, fut publié en français, l’an 1609, et sa