Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/198

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perdues depuis ; mais à force de travaux, les critiques modernes les ont rétablies d’une manière imparfaite[1]. Quoique ce monument respectable fût regardé comme la règle du droit et la source de la justice[2], il disparut enfin sous le nombre et la variété des nouvelles lois, qui, au bout de cinq siècles, se trouvaient être devenues un mal plus insupportable que les vices des citoyens[3]. Le Capitole renfermait trois mille Tables d’airain, qui contenaient les actes du sénat et du peuple[4] ; et quelques-uns de ces actes, tels que la loi Julia contre les extorsions, contenaient plus de cent chapitres[5]. Les décemvirs avaient négligé d’adapter à la constitution de Rome cette loi de Zaleucus, qui conserva si long-temps la république dans toute son intégrité. Lorsqu’un Locrien proposait une nouvelle loi, il se

  1. Voyez Heineccius, Hist. J. R., nos 29-33. J’ai suivi les Douze-Tables, telles qu’elles ont été restaurées par Gravina (Origines J. C., p. 280-307) et par Terrasson, Hist. de la Jurisprudence romaine, p. 94-205.
  2. Finis æqui juris (Tacite, Annal., III, 27). Fons omnis publici et privati juris. Tite-Live, III, 34.
  3. De principiis juris, et quibus modis ad hanc multitudinem infinitam ac varietatem legum perventum sit, altius disseram. (Tacite, Annal., III, 25.) Cette discussion profonde n’occupe que deux pages, mais ce sont des pages de Tacite. Tite-Live disait avec le même sens, mais avec moins d’énergie (III, 34) : In hoc immenso aliarum super alias acervatarum legum cumulo, etc.
  4. Suétone, in Vespasiano, c. 8.
  5. Cicéron, ad Familiares, VIII, 8.