Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/204

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les plus dangereux. On sacrifiait souvent la substance autant que les formes de la justice aux préventions de la vertu, aux dispositions favorables qu’inspirait un attachement digne d’estime, et aux séductions plus grossières de l’intérêt et du ressentiment. Mais les erreurs ou les vices de chaque préteur expiraient avec son office au bout d’une année ; ses successeurs n’adoptaient de ses maximes que celles qui étaient approuvées par la raison et par l’usage : la solution des cas nouveaux perfectionnait et fixait les règles de la procédure ; et la loi Cornelia, qui forçait le préteur en exercice à adhérer à la lettre et à l’esprit de sa première proclamation, le sauvait de la tentation de devenir injuste[1]. Il était réservé aux soins et aux lumières d’Adrien, d’exécuter le plan qu’avait conçu le génie de César ; [L’édit perpétuel.]et la composition de l’Édit perpétuel a immortalisé la préture de Salvius Julien, jurisconsulte du premier ordre. L’empereur et le sénat ratifièrent ce code médité avec sagesse ; il réconcilia la loi et l’équité si long-temps séparées ; et l’Édit perpétuel, remplaçant les Douze--

  1. Dion-Cassius (t. I, l. XXXVI, p. 100) fixe à l’an de Rome 686, l’époque des édits perpétuels. Cependant, selon les acta diurna, qu’on a publiés d’après les papiers de Louis Vivès, leur institution est de l’année 585, Pighius (Annal. rom., t. II, p. 377, 378), Grævius (ad Suet., p. 778), Dodwell (Prælection Camden, p. 665) et Heineccius, soutiennent et admettent l’authenticité de ces actes. Mais le mot de scutum cimbricum qu’on y trouve, prouve qu’ils ont été fabriqués. Moyle, Works, vol. I, p. 303.