Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/215

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d’obtenir un jour leurs suffrages. Lorsqu’ils avançaient en âge ou qu’ils obtenaient des dignités, ils se tenaient chez eux assis sur une chaise ou sur un trône ; ils y attendaient avec une gravité tranquille les visites de leurs cliens, qui dès la pointe du jour venaient en foule, de la ville ou de la campagne, assiéger leur porte. Les devoirs de la vie sociale et les incidens d’une procédure étaient le sujet ordinaire de ces consultations, et les jurisconsultes donnaient leur opinion de vive voix ou par écrit, d’après les règles de la sagesse naturelle et de la loi. Ils permettaient aux jeunes gens de leur profession ou de leur famille d’y assister ; ils instruisaient en particulier leurs enfans, et la famille Mucia fut long-temps renommée pour ces sortes de connaissances, qui se transmettaient de père en fils. [Seconde période. A. U. C. 648-988.]La seconde période, le bel âge de la jurisprudence, comprend l’espace de temps qui s’écoula depuis la naissance de Cicéron jusqu’au règne d’Alexandre-Sévère. On forma un système général ; on établit des écoles, on composa des livres, les vivans et les morts furent mis à contribution pour servir à l’instruction des élèves. Le Tripartite d’Ælius Petus, surnommé Catus ou le Rusé, fut conservé comme le plus ancien des ouvrages de jurisprudence. L’étude des lois à laquelle se livra Caton, ainsi que son fils, ajouta quelque chose à sa réputation : trois hommes habiles sur ces matières illustrèrent le nom de Mutius Scévola ; mais la gloire d’avoir perfectionné la science des lois fut attribuée à Servius Sulpicius, leur disciple et l’ami