Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/219

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Il représente Platon, Aristote et Zénon, comme les seuls maîtres capables d’armer et de former un citoyen pour les devoirs de la vie sociale. On reconnut que la trempe la meilleure de ces diverses armures était celle des stoïciens[1], et les écoles de jurisprudence affectèrent de s’en servir ou de s’en parer. Les leçons du portique apprenaient aux jurisconsultes romains à remplir les devoirs de la vie, à raisonner et à mourir ; mais elles leur inspiraient à quelques égards les préjugés de secte, l’amour du paradoxe, l’habitude de l’opiniâtreté dans la dispute, et un attachement minutieux aux mots et aux distinctions verbales. On voulut fonder le droit de propriété sur le principe de la supériorité de la forme sur la matière, et celui de l’égalité des crimes fut reconnu dans cette opinion de Trebatius[2], que celui qui touche l’oreille touche le corps entier ; que celui qui vole une partie d’un amas de blé ou d’un tonneau de vin, est aussi coupable que s’il avait volé le tout[3].

  1. Panætius, l’ami du jeune Scipion, fut le premier qui enseigna dans Rome la philosophie stoïcienne. Voy. sa Vie dans les Mémoires de l’Acad. des inscript., t. X, p. 75-89.
  2. Il est cité sur cet article par Ulpien. (Lege 40, ad Sabinum in Pandect., l. XLVII ; t. 11, leg. 21.) Trebatius, après avoir été un jurisconsulte du premier ordre, qui familiam duxit, devint un épicurien. (Cicéron, ad Familiares, VII, 5.) Il manqua peut-être de constance ou de bonne foi dans cette nouvelle secte.
  3. Voyez Gravina (p. 45-51) et les frivoles objections de Mascou. Heineccius (Hist. J. R., no 125) cite et approuve