Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/223

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cidait, selon la lettre de la loi, les questions que son indulgent compétiteur résolvait avec une latitude d’équité plus analogue à la raison commune et aux sentimens ordinaires des hommes. Dans un échange raisonnable substitué au payement d’une somme d’argent, Capiton voyait toujours un marché légal[1] ; et il prononçait sur l’âge de puberté d’après la nature, sans borner sa définition à l’époque précise de douze ou quatorze ans[2]. Cette opposition de sentimens se répandit dans les écrits et les leçons des deux fondateurs : la querelle des écoles de Capiton et de Labéon subsista depuis le règne d’Auguste jusqu’à celui d’Adrien[3], et les deux sectes tirèrent leur nom de Sabinius et de Proculeius, leurs maîtres les

  1. Justinien (Instit., l. III, tit. 23, et Theophil. vers. græc., p. 677, 680) a rappelé cette grande question et les vers d’Homère qu’on allégua de part et d’autre comme des autorités. Elle fut décidée par Paul (leg. 33 ad edict. in Pandect., l. XVIII, tit. 1, leg. 1). Voici sa solution : Dans un simple échange on ne peut distinguer l’acheteur et le vendeur.
  2. Les proculiens abandonnèrent aussi cette controverse ; ils sentirent qu’elle entraînait des recherches indécentes, et ils furent séduits par l’aphorisme d’Hippocrate, qui était attaché au nombre septénaire de deux semaines d’années, ou de sept cents semaines de jours. Institut., l. I, tit 22. Plutarque et les stoïciens (De placit. philosophor., l. V, c. 24) donnent une raison plus naturelle. À quatorze ans, περι ην ο σπερματικος κρινεται οῥῥος. Voyez les Vestigia des sectes dans Mascou, c. 9. p. 145-376.
  3. Mascou rapporte l’histoire et la fin de ces différentes sectes (c. 2-7, p. 24-120), et il serait presque ridicule de