Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/227

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affaires et toutes les connaissances de son siècle. Il écrivit en prose et en vers sur une multitude de faits curieux et abstraits[1] : il composa deux panégyriques de Justinien et la vie du philosophe Théodote ; il publia un livre sur la nature du bonheur et les devoirs du gouvernement ; le Catalogue d’Homère et les vingt-quatre sortes de mètres ; le Canon astronomique de Ptolémée ; les Phases de la Lune ; les Demeures des Planètes, et le Système harmonique du monde. À la littérature de la Grèce, il joignait l’usage de la langue latine. Les jurisconsultes romains étaient dans sa bibliothéque et dans sa tête, et il cultivait assidûment les arts qui menaient à la fortune et aux emplois. De la barre des préfets du prétoire il parvint aux dignités de questeur, de consul et de maître des offices ; il fit entendre dans les conseils de Justinien la voix de la sagesse et de l’éloquence ; et l’envie se laissa apaiser par la douce affabilité de ses manières. Les reproches d’impiété et d’avarice ont souillé ses vertus ou du moins sa réputation. Au milieu d’une cour superstitieuse et intolérante, on accusa le principal ministre d’une aversion secrète pour la foi chrétienne ; et on lui supposa les opinions d’athéisme et de paganisme imputées avec assez d’inconséquence

  1. J’applique au même homme les deux passages de Suidas ; car toutes les circonstances sont d’un accord parfait. Les jurisconsultes toutefois n’ont pas fait cette remarque ; et Fabricius est disposé à attribuer ces ouvrages à deux écrivains. Bibliot. græc., t. I, p. 341 ; II, p. 518 ; III, p. 418 ; XII, p. 346, 353, 474.