Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/230

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veaux décemvirs eurent pour objet d’imiter les premiers. Le nouveau Code fut honoré du nom de Justinien et signé par lui : les notaires et les scribes en multiplièrent les copies, qui furent revêtues d’un caractère d’authenticité ; on les transmit aux magistrats des provinces de l’Europe, de l’Asie, et ensuite à ceux de l’Afrique ; et ces lois de l’empire furent publiées à la porte de l’église les jours de fêtes solennelles. [Les Pandectes ou le Digeste. A. D. 530, 15 déc. A. D. 533, 16 déc.]Il restait un travail plus difficile : il fallait, des décisions et des conjectures, des questions et des disputes des gens de loi, tirer l’esprit de la jurisprudence. Dix-sept jurisconsultes, présidés par Tribonien, furent revêtus d’une juridiction absolue sur les ouvrages de leurs prédécesseurs. Dix ans n’eussent point semblé à Justinien un temps trop long pour un pareil travail ; le Digeste ou les Pandectes[1] se trouvèrent composés en trois ans, et c’est au plus ou moins de mérite de l’exécution à décider de ce qu’une pareille rapidité peut mériter d’éloges ou de censures. On choisit, dans la bibliothéque de Tribonien, quarante des plus habiles jurisconsultes des premiers temps[2] ; on renferma dans cinquante livres l’abrégé

  1. Πανδεκται (Recueils généraux) était le titre commun des mélanges grecs (Pline, Præf. ad Hist. nat.) Les Digesta de Scévola, de Marcellin et de Celsus étaient déjà familiers aux gens de loi ; mais Justinien se trompait en regardant ces deux mots comme synonymes. Celui de Pandectes est-il grec ou latin, masculin ou féminin ? Le laborieux Brenckmann n’ose décider ces importantes questions (Hist. Pandect. Florent., p. 300-304).
  2. Angelus Politianus (l. V, epist. ult.) compte trente-