Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/241

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

thentique de la jurisprudence civile. Un philosophe supérieur aux préjugés de son état a pensé qu’on ne pouvait expliquer ces variations perpétuelles, et la plupart du temps sur des choses de si petite importance, que par la vénalité d’un prince qui vendait sans rougir ses jugemens et ses lois[1]. L’accusation de l’historien secret est formelle et véhémente, il est vrai ; mais on peut attribuer à la dévotion de ce prince, aussi-bien qu’à son avarice, le seul trait que cite Procope. Un riche dévot avait légué son héritage à l’église d’Émèse ; et la valeur de cette succession avait été augmentée par un habile faussaire, qui avait contrefait la signature des habitans de la Syrie les plus aisés, sur des reconnaissances de dettes et des promesses de payement. Les Syriens faisaient valoir une prescription de trente ou quarante années ; mais ce moyen de défense fut détruit par une loi rétroactive qui donnait aux droits de l’Église l’étendue d’un siècle, loi si favorable à l’injustice et aux désordres, qu’on la révoqua prudemment dans le même règne[2], lorsqu’elle eut rempli l’objet qu’on

    tions qui servent de règle aux tribunaux modernes, renferment quatre-vingt-dix-huit Novelles ; mais les recherches de Julien, de Haloander et de Contius (Ludewig, p. 249, 258 ; Aleman., note in Anecdot., p. 98) en ont augmenté le nombre.

  1. Montesquieu, Consid. sur la grand. et la décad. des Romains, c. 20, t. III, p. 501, in-4o. Il se débarrasse ici de la robe et du bonnet de président à mortier.
  2. Procope, Anecdot., c. 28. On accorda un semblable privilége à l’Église de Rome (Novelle IX). Voyez sur la ré-