Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/245

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de ses aïeux. Les premiers Césars avaient maintenu avec scrupule la distinction entre les extractions libres et les extractions serviles, qu’on déterminait d’après l’état de la mère ; et les lois étaient satisfaites si elle avait eu un seul moment sa liberté entre la conception et l’accouchement. Les esclaves à qui un maître généreux rendait la liberté, entraient tout de suite dans la classe des libertini, ou affranchis ; mais rien ne pouvait jamais les dispenser des devoirs de l’obéissance et de la gratitude, quelle que fût la fortune qu’ils avaient acquise par leur industrie. À leur mort, leur patron et sa famille avaient droit au tiers et même à la totalité de l’héritage lorsqu’ils mouraient sans enfans, et sans avoir fait de testament. Justinien respecta les droits des patrons, mais il fit disparaître la flétrissure des deux espèces inférieures d’affranchis ; quiconque cessait d’être esclave, obtenait sans réserve ou sans délai la qualité de citoyen ; et enfin la toute-puissance de l’empereur leur donna ou leur supposa la dignité d’une naissance libre. Pour réprimer l’abus des affranchissemens et prévenir l’accroissement trop rapide des Romains de la dernière classe, et dévoués à la misère, il s’était introduit plusieurs règles sur l’âge et le nombre de ceux qu’on pouvait affranchir, sur les formes qu’on suivait dans leur émancipation ; il abolit enfin toutes ces règles, et l’esprit de ces lois favorisa l’extinction de la servitude domestique. Cependant, les provinces de l’Orient étaient encore remplies, sous son règne, d’une multitude d’esclaves nés ou achetés pour l’usage