Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/248

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fondait à l’instant même dans la propriété du père. L’action par laquelle celui-ci réclamait contre un vol, soit qu’il s’agît de ses bœufs, soit qu’il s’agit de ses enfans, était la même[1] ; et si le bœuf ou l’enfant avait commis un délit, il dépendait de lui de réparer le dommage ou de livrer à la partie injuriée l’animal coupable. Le chef de famille indigent ou avare pouvait également disposer de ses enfans et de ses esclaves ; mais la condition de l’esclave était la moins désavantageuse puisque le premier affranchissement lui rendait sa liberté. Le fils, au contraire, rentrait alors sous l’empire d’un père dénaturé, qui pouvait le condamner à la servitude une seconde et une troisième fois ; et ce n’est qu’après avoir été trois fois vendu et affranchi[2], qu’il était délivré de ce pouvoir paternel dont on avait si souvent abusé contre lui. Un père punissait à volonté les fautes réelles ou imaginaires de ses enfans par la peine du fouet, de la prison, de l’exil ; il les reléguait à la campagne, et les y faisait travailler, enchaînés comme les derniers des esclaves. La dignité paternelle était même armée du droit de vie et de mort[3] ; et on rencontre dans les an-

  1. Pandectes (l. XLVII, tit. 2, leg. 14, no 13 ; leg. 38, no 1). Telle était la décision d’Ulpien et de Paul.
  2. La Trina mancipatio est définie clairement par Ulpien (fragment X, p. 591, 592, édit. Schulting), et encore mieux développée dans les Antiquités de Heineccius.
  3. Justinien (Instit., l. IV, tit. 9, no 7) rapporte et réprouve l’ancienne loi qui accordait aux pères le jus necis.