Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/249

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nales de Rome, jusque par-delà les temps de Pompée et d’Auguste, des exemples de ces exécutions, qu’on y voit quelquefois vantées et jamais punies. Ni l’âge, ni le rang, ni la dignité de consul, ni les honneurs du triomphe, ne pouvaient soustraire le citoyen le plus illustre aux liens de la servitude filiale[1] : ses descendans se trouvaient compris dans la famille de leur commun ancêtre, et les droits que donnait l’adoption n’étaient ni moins sacrés ni moins rigoureux que ceux de la nature. C’était sans crainte, mais non pas sans danger, que les législateurs de Rome s’étaient entièrement reposés sur les sentimens de l’amour paternel, et la certitude qu’avait chaque génération d’arriver à son tour à l’importante dignité de père et de maître, servait à adoucir les maux d’une semblable oppression.

Restrictions mises à l’autorité paternelle.

On attribue à la justice et à l’humanité de Numa la première restriction mise à l’autorité paternelle ; la jeune fille qui avait épousé un citoyen de l’aveu

    On en retrouve d’autres vestiges dans les Pandectes (l. XLIII, tit. 29, leg. 3, no 4), et dans la Collatio legum romanarum et mosaïcarum (tit. 2, no 3, p. 189).

  1. Il faut excepter toutefois les occasions publiques et l’exercice actuel des emplois. In publicis locis atque muneribus atque actionibus, patrum jura cum filiorum qui in magistratu sunt, potestatibus collata, interquiescere paululum et connivere, etc. (Aulu-Gelle, Nuits Attiques, II, 2.) L’ancien et mémorable exemple de Fabius était employé à justifier les leçons du philosophe Taurus ; et l’on peut lire la même histoire dans la langue de Tite-Live (XXIV, 14), et dans le plat idiome de l’annaliste Claudius Quadrigarius.