Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/251

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pouvait en disposer. Le même principe s’étendait à toute espèce de gain obtenu dans une profession libérale, à tout salaire pour un service public, aux libéralités sacrées de l’empereur ou de l’impératrice. La vie d’un citoyen était moins exposée que sa fortune à l’abus de l’autorité paternelle. Cependant sa vie pouvait contrarier les intérêts ou les passions d’un père vicieux : les crimes que dut produire la corruption du siècle d’Auguste furent alors aussi ressentis plus vivement par l’humanité ; et il fallut que l’empereur enlevât à la juste fureur de la multitude le cruel Érixon, qui avait fait battre son fils de verges jusqu’à la mort[1]. Les pères qui avaient jusque alors exercé un empire absolu et capricieux sur leurs enfans, furent réduits à la gravité et à la modération d’un juge. La présence et l’opinion d’Auguste confirmèrent le décret d’exil prononcé contre un parricide d’intention commis par Arius dans l’exercice de son pouvoir domestique. Adrien relégua dans une île un père jaloux, qui, semblable à un voleur, avait profité d’un temps de chasse pour assassiner un jeune homme, amant incestueux de sa belle-mère[2]. Une juridiction domestique répugne à

  1. Sénèque (De Clementiâ, I, 14, 15) cite les exemples d’Érixon et d’Arius : il parle du premier avec horreur, et du second avec éloge.
  2. Quod latronis magis quam patris jure eum interfecit, nam patria potestas in pietate debet non in atrocitate consistere. (Marcien, Institutes, l. XIV, in Pandect., l. XLVIII, tit. 9, leg. 5.)