Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/282

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aucune langue particulière ; mais son authenticité devait être prouvée par la signature de cinq témoins. Les intentions du testateur, louables en elles-mêmes, étaient quelquefois illégales ; et l’opposition de la loi naturelle et de la jurisprudence positive donna lieu à l’invention des fideicommissa. Le Romain qui n’avait point d’enfans, chargeait de l’exécution de ses dernières volontés un Grec ou un naturel de l’Afrique ; mais il fallait être son concitoyen pour agir en qualité de son héritier. La loi Voconia, qui ôta aux femmes le droit de succéder, leur permit seulement de recevoir, à titre de legs ou d’héritage, la somme de cent mille sesterces[1] ; et une fille unique était presque regardée comme une étrangère dans la maison de son père. Le zèle de l’amitié et l’affection paternelle osèrent hasarder un artifice : le testateur nommait un citoyen avec la prière ou l’injonction de rendre l’héritage à la personne à laquelle il était véritablement destiné. La conduite des fidéicommissaires, dans cette position critique, n’était pas toujours la même ; ils avaient juré d’observer les lois de leur pays, mais l’honneur leur ordonnait de violer ce serment ; et lorsque, sous le masque du patriotisme, ils préféraient leur intérêt, ils perdaient l’estime de tous les gens vertueux. La déclaration d’Auguste mit fin à leur embarras ; il autorisa les testamens et les codicilles de confiance, et détruisit doucement les formes

  1. Dion-Cassius (t. II, l. LVI, p. 814, avec les Notes de Reimar) spécifie vingt-cinq mille drachmes, selon la manière de compter des Grecs.