Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/288

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l’usure[1], ce mal invétéré de la république de Rome[2], et les réclamations du peuple l’avaient enfin aboli. Les besoins et l’oisiveté des dernières classes la rétablirent ; on l’abandonna à la discrétion des préteurs, et le Code de Justinien régla enfin le taux de l’intérêt de l’argent. Cet intérêt fut fixé à quatre pour cent pour les personnes d’un rang illus-

    j’observe avec douleur qu’elle subsiste encore dans l’heureuse et belle contrée que j’habite (dans le pays de Vaud).

  1. Je pourrais ici m’en rapporter sans restriction à l’opinion et aux recherches des trois livres de Gérard Noodt, De fœnore et usuris (Opp., t. 1, p. 175, 268). Les meilleurs critiques et les gens de loi les plus habiles, évaluent les asses ou centesimæ usuræ à douze, et les unciariæ à un pour cent. Voyez Noodt, l. II, c. 2, p. 207 ; Gravina Opp., p. 205, etc., 210 ; Heineccius, Antiquit. ad Institut., l. III, tit. 15 ; Montesquieu, Esprit des Lois, l. XXII, c. 22 ; t. 2, p. 36 ; t. 3, p. 478, etc. Défense de l’Esprit des Lois, et particulièrement Gronovius, De pecuniâ veteri, l. III, c. 13, p. 213-227, et ses trois Antexegèses, p. 455, 655, le fondateur ou le champion de cette opinion probable, qui offre encore cependant quelques difficultés.
  2. Primo xii Tabulis sanctum est, ne quis unciario fænore amplius exerceret. (Tacite, Annal., VI, 16.) Pour peu, dit Montesquieu (Esprit des Lois, l. XXII, c. 22), qu’on soit versé dans l’histoire de Rome, on verra qu’une pareille loi ne devait pas être l’ouvrage des décemvirs. Tacite était-il donc ignorant ou stupide ? Les plus sages et les plus vertueux des patriciens pouvaient sacrifier leur avarice à leur ambition, et essayer d’anéantir un usage vicieux, en établissant un intérêt auquel aucun préteur ne voudrait souscrire, et de telles peines, qu’aucun débiteur ne voudrait s’y exposer.