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sence. Chacun y exerçait librement sa religion. Le roi des Lombards avait été élevé dans l’hérésie d’Arius ; mais on permettait aux catholiques de prier publiquement dans leurs églises pour sa conversion, tandis que les Barbares, plus opiniâtres, sacrifiaient une chèvre ou peut-être un captif aux dieux de leurs ancêtres[1]. Les Lombards et leurs alliés étaient unis par leur commun attachement pour un chef doué au plus haut degré de toutes les vertus et de tous les vices d’un héros sauvage. La vigilance d’Alboin avait préparé pour son expédition un immense magasin d’armes offensives et défensives. Tout ce que les Lombards purent emporter de leurs richesses suivait l’armée ; et s’exilant volontairement, ils abandonnèrent joyeusement leurs terres aux Avares, d’après une promesse solennelle faite et reçue sans sourire, que s’ils échouaient dans la conquête de l’Italie, ces exilés volontaires rentreraient dans leurs anciennes possessions.

Mécontentement de Narsès et sa mort.

Ils n’auraient peut-être pas réussi, s’ils avaient eu à combattre Narsès ; et les vieux guerriers d’Alboin, qui avaient eu part à la victoire de ce général romain sur les Goths, se seraient présentés avec répugnance contre un ennemi qu’ils redoutaient et qu’ils estimaient. Mais la faiblesse de la cour de Byzance seconda les projets des Barbares, et ce fut

  1. Grégoire-le-Romain (Dialog., l. III, c. 27, 28, apud Baron., Annal. ecclés., A. D. 579, no 10) suppose qu’ils adoraient aussi la chèvre. Je ne connais qu’une religion où le dieu soit en même temps la victime.