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Fuite et mort de Rosamonde.

L’ambitieuse Rosamonde aspirait à régner sous le nom de son amant : la ville et le palais de Vérone redoutaient son pouvoir, et une troupe dévouée de Gépides, ses compatriotes, se disposait à applaudir à la vengeance, et à seconder les désirs de leur souveraine ; mais les chefs lombards, qui dans les premiers momens de la consternation et du désordre avaient pris la fuite, commençaient à retrouver leur courage et à réunir leurs forces ; et la nation, au lieu d’obéir à cette perfide épouse, demanda à grands cris le châtiment de la coupable Rosamonde et des assassins du roi. Elle se réfugia chez les ennemis de son pays, et les vues intéressées de l’exarque assurèrent son appui à une criminelle qui méritait l’exécration du monde entier : elle descendit l’Adige et le avec sa fille, héritière du trône des Lombards, avec ses deux amans, ses fidèles Gépides, et les dépouilles du palais de Vérone : un vaisseau grec la porta dans le havre de Ravenne. Longin sentit le pouvoir des charmes et des trésors de la veuve d’Alboin : la position et la conduite de cette femme autorisaient toutes les prétentions, et elle s’empressa de satisfaire la passion d’un ministre que, malgré le déclin de l’empire, on respectait à l’égal des rois. Elle lui sacrifia sans peine la vie d’un amant jaloux, et Helmichis, en sortant du bain, reçut de la main de sa maîtresse le breuvage mortel. Le goût de la liqueur, ses prompts effets, sa connaissance du caractère de Rosamonde, lui apprirent bientôt que le poison coulait dans ses veines ; mettant alors le poi-