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gnard sur la gorge de Rosamonde, il la força à boire le reste de la coupe, et expira peu de minutes après, avec la joie de penser qu’elle ne recueillerait pas les fruits de ce dernier attentat. La fille d’Alboin et de Rosamonde fut embarquée pour Constantinople avec les dépouilles les plus précieuses des Lombards. La force étonnante de Pérédée devint l’amusement et bientôt la terreur de la cour impériale ; sa cécité et sa vengeance rappelèrent ensuite d’une manière imparfaite les aventures de Samson. [Cléphon, roi des Lombards. A. D. 573. Août.]Les libres suffrages de l’assemblée de Pavie élevèrent à la royauté Cléphon, l’un des plus nobles généraux d’Alboin : mais dix-huit mois ne s’étaient pas écoulés qu’un second meurtre souilla le trône des Lombards ; Cléphon fut assassiné par un de ses domestiques. Il y eut un interrègne de plus de dix ans durant la minorité de son fils Autharis ; et une aristocratie de trente tyrans divisa et opprima l’Italie[1].

Faiblesse de l’empereur Justin.

Le neveu de Justinien, en montant sur le trône, avait annoncé une nouvelle époque de bonheur et de gloire ; mais la honte au dehors[2], la misère au dedans ont marqué les annales de son règne. Du

  1. Voy. l’Histoire de Paul, l. II, c. 28-32. J’ai tiré quelques détails intéressans du Liber pontificalis d’Agnellus, in Script. rer. Ital., t. II, p. 124. Muratori est le plus sûr de tous les guides sur la chronologie.
  2. Les auteurs originaux pour le règne de Justin-le-Jeune, sont Evagrius (Hist. eccl., l. V, c. 1-12), Théophane (Chronograp., p. 204-210), Zonare (t. II, l. XIV, p. 70-72), Cedrenus (in Compend., p. 388-392).