Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/344

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[Association de Tibère. A. D. 574. Déc.]objets de son choix. La cérémonie de son élévation au rang de césar ou d’auguste se fit dans le portique du palais, en présence du patriarche et du sénat. Justin rassembla alors le peu de forces qui lui restaient, et l’opinion populaire, qui attribua son discours à l’inspiration divine, indique assez quelle idée on avait de l’empereur dans son temps, et quelle idée nous devons avoir du temps[1]. « Vous voyez, dit-il à Tibère, les marques du pouvoir souverain. Vous allez les recevoir, non de ma main, mais de celle de Dieu. Rendez-les honorables, et elles vous honoreront. Respectez l’impératrice votre mère : vous étiez hier son serviteur, et vous êtes aujourd’hui son fils. Ne prenez pas plaisir à verser le sang des hommes ; abstenez-vous de la vengeance ; évitez les actions qui ont attiré sur moi la haine publique, et au lieu d’imiter votre prédécesseur, profitez de son expérience. Homme, j’ai dû pécher ; pécheur, j’ai été puni sévèrement, même dès cette vie : mais ces serviteurs (en montrant ses ministres), qui ont abusé de ma confiance et échauffé mes passions, paraîtront avec moi devant le tribunal de

  1. Evagrius (l. V, c. 13) a ajouté le reproche de Justin à ses ministres. Il suppose que ce discours fut prononcé lors de la cérémonie où Tibère obtint le rang de césar. C’est par le vague de leurs expressions, plutôt que par une véritable méprise, que Théophane et quelques autres ont donné lieu de penser qu’il fallait le rapporter à l’époque où Tibère fut revêtu du titre d’Auguste, c’est-à-dire immédiatement avant la mort de Justin.