Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/357

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de la boussole, ont découvert à nos regards toute la face du globe. Les trois îles de Sardaigne, de Corse et de Sicile, obéissaient encore à l’empire ; et l’acquisition de la Calabre ultérieure repoussa la borne des états d’Autharis de Reggio jusqu’à l’isthme de Cosenza. Les farouches montagnards de la Sardaigne conservaient la liberté et la religion de leurs aïeux ; mais les cultivateurs de la Sicile étaient enchaînés à leur sol fertile. Rome gémissait sous le sceptre de fer des exarques, et un Grec, peut-être un eunuque, insultait impunément aux ruines du Capitole. Mais Naples acquit bientôt le privilége de nommer ses ducs[1] ; le commerce amena l’indépendance d’Amalfi, et l’affection volontaire de Venise pour les empereurs fut enfin ennoblie par une alliance sur le pied d’égalité. L’exarchat occupe très-peu d’espace sur la carte de l’Italie ; mais les richesses, l’industrie et la population y refluaient alors en abondance. Les plus fidèles et les plus précieux des sujets de l’empire avaient fui le joug des Barbares ; et ces nouveaux habitans de Ravenne déployaient, dans les différens quartiers de cette ville, les bannières de Pavie et de Vérone, de Milan et de Padoue. [Le royaume des Lombards.]Les Lombards possédaient le reste de l’Italie ; et depuis Pavie, la résidence du prince, leur royaume se prolongeait à l’orient, au nord et à l’occident, jusqu’aux frontières du pays des Avares, des Bavarois et des Francs de l’Austrasie et de la Bourgogne. Il forme aujourd’hui la terre

  1. Gregor. Magn., l. III, epist. 23, 25, 26, 27.