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ferme de la république de Venise, le Tyrol, le Milanais, le Piémont, la côte de Gènes, les duchés de Mantoue, de Parme et de Modène, le grand duché de Toscane, et une portion considérable de l’État de l’Église, depuis Pérouse jusqu’à la mer Adriatique. Les ducs et enfin les princes de Bénévent survécurent à la monarchie et perpétuèrent le nom des Lombards. De Capoue à Tarente, ils donnèrent des lois plus de cinq cents ans à la plus grande partie du royaume actuel de Naples[1].

Langue et mœurs des Lombards.

Les changemens d’idiome qui surviennent dans un pays subjugué par la conquête, sont les meilleurs indices qu’on puisse suivre sur la proportion des vainqueurs et des vaincus. Il paraît d’après cette règle que les Lombards de l’Italie et les Visigoths de l’Espagne étaient moins nombreux que les Francs ou les Bourguignons ; et les vainqueurs de la Gaule doivent le céder à leur tour à la multitude de Saxons et d’Angles qui anéantirent presque l’idiome de la Bretagne. Le mélange des nations a formé peu à peu l’italien moderne ; et le peu de discernement des Barbares dans l’emploi délicat des déclinaisons et des conjugaisons, les réduisit à l’usage des articles et des verbes auxi-

  1. J’ai décrit l’état de l’Italie d’après l’excellente dissertation de Beretti. Giannone (Istoria civile, t. I, p. 374-387) a suivi dans la géographie du royaume de Naples le savant Camillo Pellegrino. Lorsque l’empire eut perdu la Calabre proprement dite, la vanité des Grecs substitua à l’ignoble dénomination de Bruttium, celle de Calabre ; et il paraît que cette altération eut lieu avant le règne de Charlemagne. (Éginhard, p. 75.)