Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/364

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sordre tombait sur leurs yeux et sur leur bouche, et une longue barbe indiquait le nom et les habitudes de la nation. Ils portaient, comme les Anglo-Saxons, de larges vêtemens de toile ornés à leur manière, de larges bandes de différentes couleurs. Une longue chaussure et des sandales ouvertes couvraient leurs jambes et leurs pieds ; et, même au milieu de la paix, leur fidèle épée se trouvait toujours suspendue à leur ceinture. Mais cet étrange costume et cet air effrayant cachaient souvent un naturel doux et généreux ; et dès que la fureur des combats s’était calmée, l’humanité du vainqueur étonnait quelquefois les captifs et les sujets. Il faut attribuer leurs vices à la colère, à l’ignorance et à l’ivrognerie ; et leurs vertus méritent d’autant plus d’éloges, qu’ils n’étaient ni assujettis à l’hypocrisie des mœurs sociales, ni gênés par la contrainte des lois et de l’éducation. Je ne craindrais point de m’écarter de mon sujet, s’il était en mon pouvoir de décrire la vie privée des conquérans de l’Italie, et je raconterai avec plaisir une aventure amoureuse d’Autharis, où respire tout l’esprit romanesque de la chevalerie[1]. Après la mort d’une princesse mérovingienne qu’il devait épouser, il demanda la main de la fille du roi de Bavière, et celui-ci, Garibald, consentit à s’allier au monarque de l’Italie. Im-

  1. Paul (l. III, c. 29, 34) raconte l’histoire d’Autharis et de Theudelinde ; et le moindre fragment des anciennes annales de la Bavière, excitant les infatigables recherches du comte du Buat, cet auteur a soin d’en parler. (Histoire des Peuples de l’Europe, t. XI, p. 595-635 ; t. XII, p. 1-53.)