Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/365

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patienté de la lenteur de la négociation, le bouillant Autharis partit en secret et se rendit à la cour de Bavière, à la suite de ses ambassadeurs. Au milieu d’une audience publique, il s’avança jusqu’au pied du trône, et dit à Garibald que l’ambassadeur des Lombards était ministre d’état, mais que lui seul avait l’amitié d’Autharis, qui l’avait chargé de la délicate commission de lui rendre un compte fidèle des charmes de celle qu’il devait épouser. Theudelinde reçut ordre de se soumettre à cet important examen. Ravi à son aspect, après un moment de silence, il la salua reine d’Italie, et la supplia d’offrir au premier de ses nouveaux sujets une coupe remplie de vin, selon la coutume de la nation. Elle le fit d’après un ordre de son père : Autharis reçut la coupe à son tour ; en la rendant à la princesse, il lui toucha secrètement la main, et porta ensuite ses doigts sur ses lèvres. Le soir, Theudelinde raconta à sa nourrice la familiarité indiscrète de l’étranger. La vieille la rassura : elle lui dit que cette hardiesse ne pouvait venir que du roi son mari, qui par sa beauté et son courage semblait digne de son amour. Les ambassadeurs partirent ; mais dès qu’ils furent sur la frontière de l’Italie, Autharis s’élevant sur ses étriers, lança sa hache de bataille contre un arbre avec une force et une dextérité merveilleuses : « Voilà, dit-il aux Bavarois étonnés, les coups que porte le roi des Lombards. » Les approches d’une armée française forcèrent Garibald et sa fille à se réfugier sur les terres de leur allié, et le mariage se consomma dans le palais de Vérone. Au-