Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/375

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consécration dut être postérieure à la mort de sa femme. Gordien, père de Grégoire, et Sylvia sa mère, étaient des plus nobles familles du sénat, et on les mettait au nombre des personnes les plus pieuses de l’Église de Rome : il comptait des saintes et des vierges parmi ses parentes ; et sa figure, ainsi que celles de son père et de sa mère, subsista plus de trois siècles dans un tableau de famille qu’il donna au monastère de saint André[1]. Le dessin et le coloris de ce portrait ont prouvé que les Italiens du sixième siècle cultivaient avec quelques succès l’art de la peinture ; mais les Épîtres de saint Grégoire, regardé comme le premier érudit du siècle, ses sermons et ses dialogues, ne peuvent donner qu’une bien misérable idée de leur goût et de leur littérature[2] : sa naissance et ses lumières l’avaient élevé à l’emploi de préfet de la ville, et il eut le mérite de renoncer

  1. Le diacre Jean parle de ce portrait qu’il avait vu (l. IV, c. 83, 84), et sa description est éclaircie par Angelo Rocca, antiquaire romain. (Saint Grégoire, Opera, t. IV, p. 312-326.) Ce dernier auteur dit qu’on conserve dans quelques vieilles églises de Rome (p. 321-323) des mosaïques des papes du septième siècle. Les murs où l’on voyait autrefois le tableau de la famille de saint Grégoire, offrent aujourd’hui le martyre de saint André, dans lequel le génie du Dominiquin a lutté contre le génie du Guide.
  2. Disciplinis vero liberalibus, hoc est grammaticâ, rethoricâ, dialecticâ, ita à puero est institutus, ut quamvis eo tempore florerent adhuc Romæ studia litterarum, tamen nulle in urbe ipsâ secundus putaretur. (Paul Diacre, in vitâ S. Gregor., c. 2.)