Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/379

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romaine[1]. L’expérience lui avait appris l’efficacité des cérémonies pompeuses et solennelles pour soulager les détresses, affermir la foi, adoucir la férocité et dissiper le sombre enthousiasme du vulgaire ; et il leur pardonna volontiers de favoriser l’empire des prêtres et de la superstition. Les évêques de l’Italie et des îles adjacentes reconnaissaient le pontife de Rome pour leur métropolitain particulier. L’existence, l’union ou la translation des évêchés dépendaient de lui, et ses heureuses incursions dans les provinces de la Grèce, de l’Espagne et de la Gaule, autorisèrent à quelques égards les prétentions plus élevées de ses successeurs : il interposa son autorité pour empêcher les abus des élections populaires ; il conserva la pureté de la foi et de la discipline ; et de son siége apostolique veilla avec soin à ce qu’elles se conservassent chez les pasteurs soumis à sa suprématie. Les ariens de l’Italie et de l’Espagne se réunirent, sous son pontificat, à l’Église catholique, et la Bretagne conquise n’a pas attaché autant de gloire

  1. Jean-le-Diacre (in vit. saint Greg., l. II, c. 7) nous fait connaître le mépris que montrèrent de bonne heure les Italiens pour le chant des ultramontains. Alpina scilicet corpora vocum suarum tonitruis altisona perstrepentia, susceptæ modulationis dulcedinem proprie non resultant : quia bibuli gutturis barbara feritas dum inflexionibus et repercussionibus mitem nititur edere cantilenam, naturali quodam fragore quasi plaustra per gradus confuse sonantia rigidas voces jactat, etc. Sous le règne de Charlemagne, les Francs convenaient, un peu malgré eux, de la justesse de ce reproche. (Muratori, Dissert. 25.)