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Exploits de Bahram. A. D. 590.

La Perse avait été perdue par un roi ; elle fut sauvée par un héros. Varanes ou Bahram put dans la suite, après sa révolte, être flétri par le fils d’Hormouz du nom d’esclave ingrat, sans que ce reproche prouvât autre chose que l’orgueil du despote ; car Bahram descendait des anciens princes de Rei[1], l’une des sept familles qui, par leurs éclatantes et utiles prérogatives, se trouvaient au-dessus de la noblesse de Perse[2]. Au siége de Dara, il signala sa va-

  1. Le livre apocryphe de Tobie cite Ragæ ou Rei, déjà florissante sept siècles avant Jésus-Christ, sous l’empire des Assyriens. Les Macédoniens et les Parthes l’embellirent successivement sous les noms étrangers d’Europus et d’Arsacia. Cette ville était située à cinq cents stades au sud des portes Caspiennes (Strabon, l. XI, p. 796). Ce qu’on dit de sa grandeur et de sa population au neuvième siècle est absolument incroyable ; au reste, les guerres et l’insalubrité de l’atmosphère l’ont ruinée depuis. (Chardin, Voyag. en Perse, t. I, p. 279, 280 ; d’Herbelot, Bibliot. orientale, p. 714.)
  2. Théophylacte, l. III, c. 18. Hérodote parle dans son troisième livre des sept Persans qui furent les chefs de ces sept familles. Il est souvent question de leurs nobles descendans, en particulier dans les fragmens de Ctésias. Au reste, l’indépendance d’Otanes (Hérodote, l. III, c. 83, 84) est contraire à l’esprit du despotisme, et on peut trouver peu vraisemblable que les sept familles aient survécu aux révolutions de onze siècles. Toutefois elles ont pu être représentées par les sept ministres (Brisson, De regno Pers., l. I, p. 190), et quelques nobles Persans, ainsi que les rois de Pont (Polybe, l. V, p. 540) et de la Cappadoce (Diodore de Sicile, l. XXXI, t. II, p. 517) pouvaient se dire issus des braves compagnons de Darius.