Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/413

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bards, la ville importante de Sirmium, l’ancien boulevart des provinces de l’Illyrie[1]. La cavalerie des Avares couvrit les plaines de la Basse-Hongrie, et on construisit dans la forêt Hercynienne de gros bateaux qui devaient descendre le Danube et porter dans la Save les matériaux d’un pont. Mais la nombreuse garnison de Singidunum, qui dominait le confluent des deux rivières, pouvant arrêter le passage et renverser ces projets, il sut, par un serment solennel, ôter à cette garnison toute défiance de ses intentions. Il jura par son épée, symbole du dieu de la guerre, que ce n’était pas comme ennemi de Rome qu’il songeait à élever un pont sur la Save. « Si je viole mon serment, continua l’intrépide Baian, que j’expire sous le glaive avec le dernier des individus de ma nation ; que le firmament et le feu, la divinité du ciel, tombent sur nos têtes ! que les forêts et les montagnes nous ensevelissent sous leurs ruines ! et que la Save, remontant vers sa source, malgré les lois de la nature, nous engloutisse dans ses ondes courroucées ! » Après cette imprécation barbare, il demanda tranquillement quel était le serment le plus respectable et le plus sacré chez les chrétiens, celui qu’ils regardaient comme le plus dangereux de violer. L’évêque de Singidunum lui présenta l’Évangile ; le

  1. Ménandre (in Excerpt. legat., p. 126-132, 174, 175) rapporte le parjure de Baian et la reddition de Sirmium. Nous avons perdu son histoire du siége, dont Théophylacte parle avec éloge (l. I, c. 3) το δοπως Μενανδρω τω περιφανει σαφως διηγορευται.