Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/443

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scandalisèrent les chrétiens de l’Orient. Les mages n’étaient pas moins intolérans que les évêques ; et on regarda le martyre de quelques Persans qui avaient abandonné la religion de Zoroastre[1], comme le prélude d’une persécution générale et cruelle. Les lois tyranniques de Justinien rendaient les adversaires de l’Église ennemis de l’état ; l’alliance des Juifs, des nestoriens et des jacobites avait contribué aux succès de Chosroès, et sa partialité en faveur de ces sectaires excita la haine et les craintes du clergé catholique. Chosroès, n’ignorant ni ces craintes ni cette haine, gouverna ses nouveaux sujets avec un sceptre de fer ; et, comme s’il se fût défié de la stabilité de son pouvoir, il épuisa leurs richesses par des tributs exorbitans et par des rapines arbitraires ; il dépouilla ou démolit les temples de l’Orient, et transporta dans ses états héréditaires l’or, l’argent, les marbres précieux, les monumens des arts et les artistes des villes de l’Asie. Dans cet obscur tableau des calamités de l’empire[2], il n’est pas aisé d’apercevoir la figure de Chosroès, de séparer ses actions de celles de ses

  1. Les Actes originaux de saint Anastase ont été publiés parmi ceux du septième concile général, d’où Baronius (Annal. ecclés., A. D. 614, 626, 627) et Butler (Lives of the Saints, vol. I, p. 242-248) ont tiré leur récit. Ce saint martyr quitta les drapeaux du roi de Perse et passa dans l’armée romaine ; il se fit moine à Jérusalem, et insulta le culte des mages, qui était alors établi à Césarée, ville de la Palestine.
  2. Abulpharage, Dynast., p. 99 ; Elmacin, Hist. Sarac., p. 14.