Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/462

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Il paraît qu’en quittant les plaines vastes et fertiles de l’Albanie, il suivit la chaîne des montagnes de l’Hyrcanie pour descendre dans la province de la Médie ou de l’Irak, et porter ses armes victorieuses jusqu’aux villes royales de Casbin et d’Ispahan, dont n’avait jamais approché une armée romaine. Chosroès, inquiet sur le sort de ses états, avait déjà rappelé celles de ses troupes qui se trouvaient aux environs du Nil et du Bosphore ; et sur une terre éloignée et ennemie, trois armées formidables environnaient le camp de l’empereur. Les habitans de la Colchide, alliés d’Héraclius, se disposaient à abandonner ses drapeaux, et le silence des braves vétérans exprimait plutôt qu’il ne cachait leur frayeur. « Que la multitude de vos ennemis ne vous épouvante pas, leur dit l’intrépide Héraclius ; un Romain peut, avec l’aide du ciel, triompher de mille Barbares ; mais si nous perdons la vie pour sauver nos frères, nous obtiendrons la couronne du martyre, et Dieu et la postérité nous accorderont des récompenses immortelles. » Ces magnanimes sentimens furent soutenus par la vigueur de ses actions. Il repoussa la triple attaque des Persans ; il profita de la mésintelligence de leurs chefs ; et, par une suite

    262), et bien plus, M. d’Anville n’a pas essayé de la chercher. Eutychius (Annal., t. II, p. 231, 232), auteur insuffisant, nomme Asphahan ; et Casbin est vraisemblablement la ville de Sapor. Ispahan est à vingt-quatre journées de Tauris, et Casbin à mi-chemin entre ces deux villes. (Voyages de Tavernier, t. I, p. 63-82.)