Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/472

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cuisse, porta son maître, sauf et victorieux, à travers la triple phalange des Barbares. Durant l’action, l’empereur tua de sa main trois des plus braves chefs ennemis : Rhazates, l’un des trois, mourut en bon soldat ; mais la vue de sa tête portée en triomphe, répandit la douleur et le désespoir parmi les lignes découragées des Persans. Son armure d’or pur et massif, son bouclier de cent vingt plaques, son épée et son baudrier, sa selle et sa cuirasse, ornèrent le triomphe d’Héraclius ; et s’il n’eût pas été fidèle à Jésus-Christ et à la Vierge Marie, il aurait pu offrir au Jupiter du Capitole les quatrièmes dépouilles opimes[1]. On se battit avec acharnement depuis la pointe du jour jusqu’à la onzième heure : les Romains prirent aux Perses vingt-huit drapeaux, sans compter ceux qui purent être brisés ou déchirés ; la plus grande partie de l’armée persane fut taillée en pièces ; et les vainqueurs, cachant leur perte, passèrent la nuit sur le terrain où l’on venait de combattre. Ils avouèrent que dans cette occasion il leur avait été moins difficile de tuer que de vaincre les soldats de Chosroès. Le reste des cavaliers persans eut l’in-

  1. Rex regia arma fero, dit Romulus, lors de la première consécration du CapitoleBina postea, continue Tite-Live, I, 10, inter tot bella, opima parta sunt spolia, adeo rara ejus fortuna decoris. Si l’on avait accordé les dépouilles opimes au simple soldat qui avait tué le roi ou le général de l’ennemi, ainsi que le dit Varron (apud Pomp. Festum p. 306, édit. Dacier), cet honneur eut été moins difficile et plus commun.