Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/482

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si destructives, la perte des deux cent mille soldats[1] qu’avait moissonnés la guerre, fut moins funeste que la décadence des arts, de l’agriculture et de la population ; et quoiqu’une armée victorieuse se fût formée sous le drapeau d’Héraclius, il paraît que cet effort hors de nature épuisa plutôt qu’il n’exerça les forces de l’empire. Tandis que l’empereur triomphait à Constantinople ou à Jérusalem, une ville obscure des frontières de la Syrie était pillée par les Sarrasins ; ceux-ci taillèrent en pièces quelques troupes qui marchaient à son secours ; événement peu important en lui-même s’il n’eût été le prélude d’une grande révolution. Ces brigands étaient les apôtres de Mahomet ; leur valeur fanatique commençait à s’élancer hors du désert, et les Arabes enlevèrent à Héraclius, dans les huit dernières années de son règne, les mêmes provinces qu’il avait arrachées aux Persans.


fin du tome huitième.
  1. C’est le nombre indiqué par Suidas (in Excerpt. Hist. byzant., p. 46). Mais au lieu de la guerre d’Isaurie, il faut lire la guerre de Perse, ou bien ce passage ne regarde pas l’empereur Héraclius.