Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/52

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précieux. Perozes eut l’adresse d’en obtenir une copie qu’il traduisit avec soin[1], et ces fables furent lues et admirées dans une assemblée de Nushirwan et de ses nobles. L’original, écrit dans la langue de l’Inde, et la traduction en langue persane, ont disparu dès long-temps ; mais la curiosité des califes arabes a conservé ce monument respectable ; ils lui ont donné une nouvelle vie dans le dialecte moderne de la Perse, dans les idiomes de la Turquie, de la Syrie, du peuple hébreu et du peuple grec ; et plusieurs versions l’ont successivement répandu dans les diverses langues modernes de l’Europe. Les fables de Pilpay, ainsi traduites, n’offrent plus le caractère particulier, les mœurs ni la religion des Indous ; et leur mérite réel est bien au-dessous de la concision élégante de Phèdre et des grâces naïves de La Fontaine. L’auteur a développé, dans une suite d’apologues, quinze maximes de morale et de politique ; mais leur composition est embarrassée, la narration est prolixe, et

  1. J’ai lu trois copies de ces Fables en trois langues diverses : 1o. une traduction en grec, faite par Siméon Seth, A. D. 1100, d’après l’arabe, et publiée par Starck à Berlin, en 1697, in-12 ; 2o. une traduction latine, d’après le grec, intitulée : Sapientia Indorum, et insérée par le père Poussines à la fin de son édition de Pachymère, p. 547-620, éd. Roman ; 3o. une traduction en français, d’après le turc, dédiée, en 1540, au sultan Soliman. Contes et Fables indiennes de Pilpay et de Lokman, par MM. Galland et Cardonne. Paris, 1778, trois vol. in-12. M. Warton (Hist. of english Poëtry, vol. I, p. 129, 131) a sur cette matière des idées plus étendues.