Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/74

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pays éloigné et inutile. Dans l’intervalle qui s’écoula entre Marc-Antoine et le règne de Néron, on permit à la famille d’un rhéteur grec de régner dans la Colchide et dans les royaumes adjacens ; et lorsqu’il n’y eut plus de rejetons de la race de Polémon[1], le Pont oriental qui conserva son nom, ne s’étendait plus que jusqu’aux environs de Trébisonde. Des détachemens de cavalerie et d’infanterie gardaient par-delà, les fortifications de Hyssus, d’Apsarus, du Phase, de Dioscurias ou Sébastopolis et de Pytius, et six princes de la Colchide reçurent leurs diadèmes des lieutenans de l’empereur. [Voyage d’Arrien. A. D. 130.]L’un de ces lieutenans, l’éloquent et philosophe Arrien, reconnut et décrivit la côte de l’Euxin, sous le règne d’Adrien. La garnison qu’il passa en revue à l’embouchure du Phase, était composée de quatre cents légionnaires choisis : des murs et des tours de brique, un double fossé et les machines de guerre placées sur les remparts, rendaient cette place inaccessible aux Barbares ; mais Arrien jugea que les faubourgs, construits par des marchands et des soldats retirés, avaient besoin de quelque défense extérieure[2]. Lorsque

  1. Nous pouvons suivre les progrès et la chute de la famille de Polémon dans Strabon (l. XI, p. 755 ; l. XII, p. 867}, Dion-Cassius ou Xiphilin (p. 588, 593, 601, 719, 754, 915, 946, édit. Reimar) ; Suétone (in Néron., c. 18, in Vespas., c. 8) ; Eutrope (VII, 14) ; Josèphe (Antiq. judaïc., l. XX, c. 7. p. 970, édit. Havercamp) ; et Eusèbe (Chron., avec les Remarques de Scaliger, p. 196).
  2. Au temps de Procope les Romains n’avaient point de