Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/80

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couvraient les endroits les plus accessibles. Le vigilant Chosroès avait déposé dans cette forteresse un magasin d’armes offensives et défensives, suffisant pour armer cinq fois plus de monde que n’en contenait la garnison, et que n’en offrait même l’armée des assiégeans. Elle contenait de la farine et des provisions salées pour cinq ans ; elle manquait de vin, mais elle y suppléait par le vinaigre et par une liqueur forte qu’on tirait du grain ; et un triple aquéduc avait échappé aux recherches de l’ennemi, qui ne soupçonna pas même son existence ; mais la plus ferme défense du fort de Pétra consistait dans la valeur de quinze cents Perses, qui résistèrent aux assauts des Romains : ceux-ci ayant trouvé une partie du sol moins dure, y creusèrent une mine, et bientôt les murs de la forteresse, suspendus et vacillans, ne reposèrent plus que sur le faible appui des étais placés par les assiégeans. Dagisteus toutefois retardait la dernière attaque jusqu’à ce qu’il eût fait spécifier d’une manière assurée la récompense qu’il pouvait attendre ; et la ville fut secourue avant le retour du messager envoyé à Constantinople. La garnison était réduite à quatre cents hommes, et on n’en comptait pas plus de cinquante qui fussent sans maladie ou sans blessures ; mais leur inflexible constance avait caché leurs pertes à l’ennemi, et souffert sans murmurer la vue et l’odeur des cadavres de leurs onze cents compagnons. Après leur délivrance, ils bouchèrent à la hâte avec des sacs de sable, les brèches faites par l’ennemi ; ils remplirent de terre