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ses sujets, à la foi catholique ; un patriarche latin représenta la suprématie du pape[1] ; on supposait que cet empire, auquel on donnait dix fois plus d’étendue qu’il n’en avait, renfermait plus d’or que les mines d’Amérique ; et la cupidité ainsi que le zèle religieux se formèrent les espérances les plus extravagantes sur la soumission volontaire des chrétiens de l’Afrique.

Mission des jésuites. A. D. 1557.

Mais au retour de la santé, on ne se souvint plus des sermens qu’avait arrachés la douleur. Les Abyssins défendirent la doctrine des monophysites avec une fidélité inébranlable ; l’exercice de la dispute réchauffa leur foi un peu refroidie ; ils flétrirent les Latins des noms d’ariens et de nestoriens, et reprochèrent à ceux qui séparaient les deux natures de Jésus-Christ d’adorer quatre dieux. On assigna aux missionnaires jésuites la bourgade de Fremona pour y exercer leur culte, ou plutôt y vivre en exil : leur savoir dans les arts libéraux et mécaniques, leurs lumières sur la théologie, et la décence de leurs mœurs, inspiraient une vaine estime ; ils n’avaient pas le don des miracles[2], et ce fut inutilement qu’ils

  1. Jean Bermudez, dont la relation imprimée à Lisbonne en 1569, a été traduite en anglais par Purchas (Pilgrims, l. VII, c. 7, p. 1149, etc.), et de l’anglais en français par La Croze (Christian. d’Éthiop., p. 92-265) ; ce morceau est curieux, mais on peut soupçonner l’auteur d’avoir voulu tromper l’Abyssinie, Rome et le Portugal. Son titre au rang de patriarche est obscur et incertain. (Ludolphe, Comment., no 101, p. 473.)
  2. Religio romana… nec precibus patrum, nec miraculis