Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 9.djvu/267

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d’un empressement si universel à obtenir le sceptre du pouvoir. Dans cette suite de princes qui se succédèrent sur le trône de Byzance, on ne peut raisonnablement l’attribuer à l’amour de la gloire ou à l’amour de l’humanité. La vertu de Jean Comnène se montra seule bienveillante et pure. Les plus illustres d’entre les souverains qui précèdent ou suivent ce respectable empereur, ont marché avec une sorte d’adresse et de vigueur dans les sentiers tortueux et sanglans d’une politique égoïste. Lorsqu’on examine bien les caractères imparfaits de Léon l’Isaurien, de Basile Ier, d’Alexis Comnène, de Théophile, de Basile II et de Manuel Comnène, l’estime et la censure se balancent d’une manière presque égale ; et le reste de la foule des empereurs n’a pu former des espérances que sur l’oubli de la postérité. Le bonheur personnel fut-il le but et l’objet de leur ambition ? Je ne rappellerai pas les maximes vulgaires sur le malheur des rois ; mais j’observerai sans crainte que leur condition, est de toutes, la plus remplie de terreurs et la moins susceptible d’espérances. Les révolutions de l’antiquité donnaient à ces passions opposées bien plus de latitude qu’elles n’en peuvent avoir dans le monde moderne, où la ferme et régulière constitution des empires ne donne guère lieu de croire que nous puissions aisément voir se renouveler le spectacle des triomphes d’Alexandre et de la chute de Darius. Toutefois, par un malheur particulier aux princes de Byzance, ils furent exposés à des périls domestiques, et ne purent espérer de conquêtes