Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 9.djvu/308

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Romains les jeta nécessairement dans un gouvernement républicain grossièrement conçu. Ils furent obligés de choisir des juges en temps de paix, et des chefs durant la guerre ; les nobles s’assemblaient pour délibérer, et on ne pouvait exécuter leurs résolutions sans le consentement de la multitude. On vit se renouveler les formes de style du sénat et du peuple romain[1] ; mais on n’y retrouvait plus leur esprit, et la lutte orageuse de la licence et de l’oppression déshonora cette nouvelle indépendance. Le défaut de lois ne pouvait être suppléé que par l’influence de la religion, et l’autorité de l’évêque dirigeait l’administration au dedans et la politique au dehors. Ses aumônes, ses sermons, sa correspondance avec les rois et les prélats de l’Occident, les services qu’il venait de rendre à la ville, les sermens qu’on lui avait prêtés et la reconnaissance qu’on lui devait, accoutumèrent les Romains à le regarder comme le premier magistrat ou le prince de Rome. Le nom de dominus ou de seigneur n’effaroucha

    in legat. script. Ital., t. II, part. I, p. 481.) Minos aurait pu imposer à Caton ou à Cicéron, pour la pénitence de leurs péchés, l’obligation de relire tous les jours ce passage d’un Barbare.

  1. Pipino, regi Francorum, omni senatus, atque universa populi generalitas à Deo servatæ Romanæ urbis. (Codex Carolin. epist. 36, in script. Ital., t. III, part. II, p. 160.) Les noms de senatus et de senator ne furent jamais absolument anéantis. (Dissert. chorograph., p. 216, 217.) Mais dans le moyen âge ils ne signifièrent guère que nobiles, optimates, etc. (Ducange, Gloss. latin.)