Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 9.djvu/48

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et, durant toute la nuit, des illuminations et des chants célébrèrent tumultueusement sa victoire.

Opposition des évêques d’Orient.

Le cinquième jour, l’arrivée et l’indignation des évêques d’Orient dérangèrent ce triomphe. Dans une chambre de l’hôtellerie où il venait de descendre, et avant, pour ainsi dire, d’avoir essuyé la poudre de ses souliers, Jean d’Antioche donna audience à Candidien, ministre de l’empereur ; celui-ci lui raconta ses vains efforts pour prévenir ou rendre nulles les violences précipitées de saint Cyrille. Avec la même précipitation et la même violence, un synode de cinquante évêques d’Orient dépouilla saint Cyrille et Memnon de leur qualité d’évêques, déclara que les douze anathèmes renfermaient le plus subtil venin de l’hérésie des apollinaristes, et peignit le primat d’Alexandrie comme un monstre né et nourri pour la destruction de l’Église[1]. Son siége était éloigné et inaccessible ; mais on résolut de faire jouir sur-le-champ le peuple d’Éphèse du bonheur d’être gouverné par un pasteur fidèle. D’après les ordres de Memnon les églises furent fermées, une garnison nombreuse fut jetée dans la cathédrale. Les troupes marchèrent à l’assaut sous les ordres de Candidien ; les gardes avancées furent mises en déroute et pas-

  1. Ο δε επ’ ολεθρω των εκκλεσιων τοχθεις και τραφεις. Après la coalition de saint Jean et de saint Cyrille, les invectives furent réciproquement oubliées. De vaines déclamations ne doivent pas tromper sur l’opinion que des ennemis respectables entretiennent de leur mérite réciproque (Conc., t. III, p. 1244).