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ce fut après l’avoir lui-même autorisée par son approbation et par son exemple[1].

Hérésie d’Eutychès. A. D. 448.

La mort du primat d’Alexandrie, après un pontificat de trente-deux ans, abandonna les catholiques à l’intempérance d’un zèle qui abusa de la victoire[2]. La doctrine monophysite (une seule nature incarnée) fut rigoureusement prêchée dans les églises de l’Égypte et les monastères de l’Orient. La sainteté de Cyrille protégeait le symbole primitif d’Apollinaire ; et Eutychès, son respectable ami, a donné son nom à la secte la plus opposée à l’hérésie de Nestorius. Eutychès était abbé ou archimandrite, c’est-à-dire supérieur de trois cents moines. Mais les opinions d’un reclus, peu versé dans les lettres, n’auraient jamais franchi les bornes de la cellule où il avait sommeillé plus de soixante-dix ans, si le ressentiment ou

  1. Nous devons à Evagrius quelques extraits des Lettres de Nestorius ; mais ce fanatique dur et stupide ne sait qu’insulter aux souffrances dont elles présentent une si vive peinture.
  2. Dixi Cyrillum dum viveret, auctoritate suâ effecisse, ne eutychianismus et monophysitarum error in nervum erumperet : idque verum puto… alique… honesto modo παλινωδιαν cecinerat. Le savant mais circonspect Jablonski n’a pas toujours dit la vérité tout entière. Cum Cyrillo lenius omnino egi, quam si tecum aut cum aliis rei hujus probe gnaris et æquis rerum æstimatoribus sermones privatos conferrem. (Thesaurus epist., La Croze, t. I, p. 197, 198.) Ce passage éclaircit beaucoup ses dissertations sur la controverse excitée par Nestorius.